EXHIBITION

LE TEMPS MATERIEL

FRAC Franche-Comté, Besançon, 10/08/2016 - 12/30/2016

Fonds régional d'art contemporain de Franche-Comté Cité des arts - 2, passage des arts - 25000 Besan

ABOUT

L’œuvre de Dominique Blais se concentre sur la matérialisation de l’immatériel (temps et sons), des énergies, des flux,… dans un mouvement qui vise à leur donner une beauté formelle qui dénote parfois avec l’âpreté des domaines explorés.

L’exposition consacrée par le Frac Franche-comté à Dominique Blais s’articule autour de l’oeuvre intitulée Finale (Les Adieux), produite pour l’occasion et qui intégrera ensuite la collection du Frac.

Il s’agit d’une transposition du dernier mouvement de la Symphonie n°45, écrite en 1772 par Joseph Haydn en guise de revendication afin de signifier au commanditaire (le prince Nicolas Esterházy) que les musiciens désiraient mettre un terme à leur séjour prolongé au palais Esterházy en Hongrie et rejoindre au plus tôt leur domicile et leur famille à Eisenstadt (Autriche). Ainsi le compositeur avait décidé que ses musiciens quitteraient la scène un à un, après avoir soufflé la bougie qui éclairait leur partition, plongeant progressivement la scène dans le noir complet jusqu’à la dernière note.

Dans un espace-temps différent, Dominique Blais a donc choisi de « rejouer » la disparition progressive de l’orchestre mais surtout de matérialiser le processus de cette disparition même par la compilation ou stratification des instants qui en composent la durée, autrement dit la superposition sur un même plan de l’ensemble des mouvements successifs des exécutants dont le sténopé nous livre l’image fantomatique tandis que rien ne demeure de la dimension sonore de leur prestation.

En traduisant visuellement le temps de l’interprétation musicale, en donnant à voir ce qui est de l’ordre de l’invisible, en l’occurrence ici la simultanéité des gestes produisant les notes qui composent une symphonie, Dominique Blais poursuit une oeuvre qui depuis ses débuts se concentre sur la matérialisation de l’immatériel (temps et sons), des énergies, des flux – qu’il s’agisse par exemple des propriétés électriques du verre (Entropê, 2014-2015) ou de fréquences radio naturelles (Spherics, 2009 ; L’Ellipse, 2010*),… – dans un mouvement qui vise à leur donner une beauté formelle qui dénote parfois avec l’âpreté des domaines explorés.

Si l’on ne peut douter des connaissances de l’artiste s’agissant du pendule de Foucault, des fréquences sonores et des ondes lumineuses, des avancées technologiques en matière de photographie ou, dans un autre registre, des mouvements qui régissent les astres, il n’en reste pas moins que nous sommes surpris de l’usage qu’il fait de ces savoirs et techniques dès lors qu’il entreprend de les revisiter.

Nombre de ses oeuvres font appel en effet à des pratiques tombées en désuétude t telles le sténopé ou la photographie argentique (Ring, 2012* ; Finale (Les Adieux), 2016 ; Correspondances Lumineuses, 2016, avec É. Lamouroux et B. Casas Brullet) ou à d’autres ancestrales, tel le soufflage du verre (Sans titre (Les colonnes d’air), 2013). D’autres (Mécanique du temps présent, 2010 ; Apparatus (Rotatio), 2015, mais aussi Pendulum Reflection, 2016 produite pour cette exposition) évoquent formellement des objets et machineries archaïques ou insolites, dont le fonctionnement est souvent virtuel ou qui n’ont d’autre finalité que leur propre fonctionnement, telles des machines célibataires. Au sein de cet ensemble qui évoque par ailleurs la transmutation, le feu, la lumière, l’énergie, le cosmos ou les points cardinaux, ces pièces – pour beaucoup dotées de titres anachroniques (empruntés avec humour au latin ou au grec) – suggèrent immanquablement un univers ésotérique d’un autre temps.

« Le temps matériel » (titre de l’exposition choisi par Dominique Blais), c’est le temps concret, un temps mesuré sans aucune subjectivité. Pourtant au coeur de l’exposition plus que l’indéniable qualité musicale de la symphonie de Haydn, c’est sa dimension humaine qui retient Dominique Blais. Non pas pour son caractère revendicatif ou pré-syndicaliste mais d’abord pour l’auto-effacement volontaire auquel se livrent les musiciens, leur façon de s’abstraire, de quitter symboliquement et physiquement la scène comme on le fait de la vie. Et à proximité de Finale (les Adieux), un pendule oscille. Il n’est pas doté de la technologie propre à celui de Foucault. Il n’a pas vocation ici à démontrer la rotation de la terre. Il rythme simplement le temps de l’exposition de son oscillation incessante et hypnotisante. Il arrête le visiteur dans son parcours et l’invite à réfléchir à l’hypothèse d’une autre destinée pour les sciences et techniques, telle celle inventée par l’artiste qui insuffle à ses simulacres intemporels une dimension magique.

De la mécanique saisie par la poétique.

Commissariat :

Sylvie Zavatta, directrice du Frac

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Dominique Blais

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